LINDEPENDANT.SN-A la suite de l‘annonce par le président Macky Sall, samedi 3 février, du report de la présidentielle au Sénégal prévue le 25 février et dont le projet de loi a été adopté hier à l’assemblée nationale par 105 voix contre 1, les réactions continuent de plus belles. Dans une sortie musclée, Le PCS/JENGU TABAX et son candidat Boubacar CAMARA parle de précèdent dangereux pour le Sénégal.
COMMUNIQUE DE PRESSE N° 30
Report unilatéral de l’élection présidentielle par le Président Macky SALL, un précédent dangereux pour le Sénégal.
Le samedi 3 février 2024, veille de l’ouverture de la campagne électorale, le Président Macky Sall a annoncé « l’abrogation » du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Aucun des faits évoqués, aucun argument politique, aucune prérogative juridique ne peut justifier cette décision encore introuvable.
Même si le décret est mis en œuvre malgré son illégalité flagrante, la loi sur le report votée, quelle que soit la durée retenue génèrera un conflit persistant sur la prorogation de fait du mandat au vu de la clause d’éternité fixée par la Constitution. De plus, dans l’état actuel de notre droit positif, le Président de la République, du fait de son droit exclusif de nommer les membres du Conseil constitutionnel, juge des élections, a, dans ses mains tous les pouvoirs pour bloquer le pays. Cette décision non consensuelle est un précédent dangereux.
Le PCS /JENGU TABAX condamne ce report unilatéral avec la dernière énergie.
En octobre 2023, le Président Boubacar CAMARA, redoutait déjà cette tournure et avait tiré la sonnette d’alarme en préconisant un débat sur le report consensuel de l’élection présidentielle. Il avait démontré que le dispositif électoral, la tension sociale, le manque de confiance entre les acteurs, la situation économique et sociale indiquaient clairement le risque d’une élection chaotique. Malheureusement, les faits lui ont donné raison.
Le Président Kamâh, ayant vu venir le report unilatéral et conscient des conséquences d’un tel acte, avait tenu à prévenir d’une telle forfaiture venant du Président Macky Sall et de ses complices favorables au report sans l’assumer ouvertement. La volonté d’isoler une partie de l’opposition était manifeste. Le pouvoir guettait une occasion pour cette forfaiture. Il l’a eue.
Le report consensuel préconisé, il y a quelques mois, aurait permis de mettre en œuvre les diligences préalables du Plan JAGAL proposé, à savoir le retour à la sérénité et la relance de l’économie. On aurait pu juguler tous les dysfonctionnements du système de parrainage (fichier et logiciel de contrôle des parrainages inconnus des candidats) qui ont été avérées avec des éliminations massives et incongrues de candidats
Malheureusement, les réactions enregistrées ont permis de constater que la volonté d’en finir avec le pouvoir de Macky Sall a pris le dessus sur toute autre considération. Il a été également noté une naïve présomption de fiabilité du système électoral de la part des réticents à tout report alors que tout indiquait que depuis son accession au pouvoir en 2012, le régime actuel a démantelé le dispositif d’alors en instaurant notamment un « parrainage-boite noire », en réinstallant un ministre de l’intérieur partisan, en regroupant la carte nationale d’identité et la carte d’électeur et en refusant l’accès au fichier électoral.
Les critiques accusatrices aussi saugrenues qu’infondées de collusion pour « prolonger » le mandat de Macky Sall ou d’incapacité de réunir les parrainages nécessaires à la participation à l’élection, ont été formulées contre M. Boubacar CAMARA. Ces conjectures n’ont pas résisté aux faits.
Ce report unilatéral de l’élection présidentielle est une concrétisation de la crainte exprimée par M. CAMARA. Cette appréhension n’était pas une vue de l’esprit car le dispositif électoral sénégalais contient les germes de sa propre contestation.
Aujourd’hui, Macky Sall acte le report unilatéral en prétextant la proposition de loi du PDS, le conflit entre le groupe parlementaire du PDS dont le candidat est recalé malgré la renonciation à sa nationalité française et le Conseil Constitutionnel dont deux juges sont soupçonnés de corruption. Ces prétextes sont fallacieux.
Maintenant, il est vital de sortir de la crise consécutive à l’arrêt illégal du processus électoral. Le PCS/JENGU TABAX engage son candidat Boubacar CAMARA à :
1. Initier une procédure d’annulation du décret « abrogeant » la convocation du corps électoral ;
2. Réclamer un nouveau calendrier consensuel pour la campagne électorale en vue de la tenue de l’élection le 25 février 2024 ;
3. Entreprendre toutes les démarches et prendre toutes les dispositions nécessaires pour se joindre aux initiatives et combats politiques de l’opposition et de la société civile pour une élection libre et transparente, en particulier, dans le cadre de la plateforme des Forces vives de la Nation F.24.
Fait à Dakar, le 04 février 2024
Le Secrétaire général
Mor NDIAYE