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Les eurodéputés réunis à Strasbourg ont accordé ce jeudi 18 juillet un second mandat de cinq ans à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui avait déjà décroché en juin le feu vert des Vingt-Sept. À l’issue d’un vote à bulletins secrets, la responsable allemande a obtenu 401 votes de soutien (284 contre, 15 abstentions, 7 nuls), nettement au-delà de la majorité absolue dont elle avait besoin.

Ursula von der Leyen s’est efforcée jeudi 18 juillet de convaincre les eurodéputés de lui accorder un second mandat à la tête de la Commission européenne, en développant une vaste feuille de route et en cherchant à sécuriser une majorité. Une mission réussie puisqu’elle s’est vue reconduite pour un second mandat. Sa réélection a d’ailleurs été saluée par le Premier ministre polonais, Donald Tusk. « Les temps sont difficiles, mais avec ton courage et ta détermination, je suis sûr que tu feras du bon travail. Nous le ferons ensemble », a déclaré l’ancien chef du Conseil européen, sur les réseaux sociaux.

Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, la figure allemande a tenté, dans un discours d’une heure, de répondre aux attentes parfois contradictoires des divers groupes politiques. En toile de fond, la continuité des principales institutions de l’Union européenne (UE) : on ne change pas de capitaine en pleine tempête, voilà comment résumer le message d’Ursula von der Leyen aux députés. La présidente sortante a surtout voulu contenter un maximum d’élus, au-delà de sa coalition, rapporte notre envoyé spécial à Strasbourg, Julien Chavanne.

Si Ursula von der Leyen se donne pour priorités de doper la compétitivité et de renforcer massivement les investissements pour les industries critiques et la défense. Elle entend aussi viser un objectif climatique ambitieux pour 2040 avec une baisse nette de 90 % d’émissions, dans une main tendue aux Verts. Cet objectif, étape-clé pour atteindre la neutralité carbone en 2050, figurera dans un texte législatif proposé aux États membres par la prochaine Commission. Après le Pacte vert, « un nouveau pacte industries propres contribuera à faire baisser les factures énergétiques », dont les prix élevés « entravent notre compétitivité », a promis Ursula von der Leyen.

Ursula von der Leyen a tendu une autre main en direction de la gauche qui attendait une action pour le logement en promettant un « plan logement abordable » pour les ménages précaires, avec, pour la première fois, un commissaire dédié à la question. « L’Europe est confrontée à une crise du logement, (…) les gens ont du mal à trouver un logement abordable. C’est pourquoi, pour la première fois, je nommerai un commissaire directement responsable de la question du logement », a-t-elle déclaré.

Défenseure de longue date d’une « Commission géopolitique », elle a aussi plaidé pour « une Europe forte » dans une « période de grande anxiété et d’incertitude » face aux « démagogues et extrémistes détruisant notre mode de vie européen ».

Ursula von der Leyen se veut un gage de stabilité face aux tensions du monde : contentieux commerciaux avec Pékin, retour possible de Donald Trump à la Maison Blanche, guerres en Ukraine et au Proche-Orient… « Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement », a-t-elle lancé, appelant à « un cessez-le-feu immédiat et durable » et estimant que « trop d’enfants, de femmes et de civils avaient perdu la vie suite à la réponse d’Israël au terrorisme brutal du Hamas ».

Des mains tendues à sa droite, à sa gauche, aux Verts et même à l’extrême-droite

Après le feu vert des Vingt-Sept fin juin, Ursula von der Leyen a obtenu 401 voix favorables à Strasbourg, bien au-delà du seuil de 361 des 719 eurodéputés nécessaires pour décrocher un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l’exécutif européen. La responsable de 65 ans s’y est imposée depuis 2019 à travers les crises.

Pour sécuriser la majorité absolue requise, Ursula von der Leyen a dû lorgner le soutien des écologistes, qui ont 53 sièges. Elle a intégré dans un document écrit les plans pour l’adaptation climatique et « le Pacte pour l’océan » qu’ils réclamaient. Leur cheffe de file, l’Allemande Terry Reintke, a annoncé voter pour Ursula von der Leyen pour contenir l’extrême-droite. D’un autre côté, Ursula von der Leyen y réaffirme sa défense de l’usage de carburants automobiles synthétiques après 2035 et insiste sur les intérêts des agriculteurs – soit autant de revendications des conservateurs.

Enfin, elle a promis dans l’hémicycle de renforcer Frontex, l’agence de l’Union européenne chargée des frontières, et de tripler le nombre de gardes-frontières et de gardes-côtes : des gages donnés à la droite du PPE, mais aussi au groupe d’extrême droite ECR, associé à la dirigeante italienne Giorgia Meloni. Cela pour s’assurer également d’une partie des 78 élus ECR, même si toute ouverture assumée à ECR reste cependant une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts. Ces derniers appellent à construire « une majorité stable avec des partis pro-démocratie, pro-UE » sans l’extrême droite.

Ursula von der Leyen a accusé jeudi le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban de « jouer le jeu » de Vladimir Poutine avec sa visite récente à Moscou pour une « prétendue mission de paix ». « La Russie poursuit son offensive dans l’est de l’Ukraine. Elle mise sur une guerre d’usure, sur un prochain hiver encore plus rude que le précédent. La Russie mise sur la mollesse de l’Europe et de l’Occident, et certains Européens jouent le jeu », a-t-elle dénoncé. « Il y a deux semaines, un Premier ministre de l’Union européenne s’est rendu à Moscou, cette prétendue mission de paix n’était rien d’autre qu’une mission d’apaisement », a-t-elle dit.

Si ces signaux ont été plutôt bien reçus chez les Verts, l’extrême gauche a déclaré, peu avant le vote, qu’elle s’opposerait à une présidente jugée déconnectée des réalités. L’extrême-droite aussi avec une radicalité jamais vue ici. Une députée polonaise du nouveau groupe de l’Europe des Nations souveraines a accusé Ursula von der Leyen d’être responsable des « viols commis par les migrants ».

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