LINDEPENDANT.SN-Des personnalités de Casamance ont dénoncé vendredi des mesures « restrictives » prises par les autorités sénégalaises sur les transports vers cette région sud du pays, en lien avec les troubles qui ont éclaté depuis juin après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de moeurs.
M. Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme, ce qui le rend en l’état actuel inéligible à la présidentielle de 2024 et qui a déclenché de violentes contestations, causant 16 morts selon le gouvernement, 30 selon le parti de M. Sonko. L’opposant est le maire de Ziguinchor, principale ville de Casamance. La région éponyme a été, avec celle de Dakar, le théâtre de troubles à la suite du verdict.
« Depuis quelques jours, aller en Casamance ou en venir pose problème du fait de certaines décisions administratives très surprenantes », affirme, dans un communiqué transmis à l’AFP, le Collectif des cadres casamançais (CCC) qui regroupe notamment de nombreuses personnalités actives dans divers secteurs de l’Etat, des entreprises et de la société civile. Le CCC « condamne avec fermeté ces mesures restrictives constatées sur le transport » pour des raisons de sécurité « qui ne correspondent pas à la réalité du terrain ». Ces mesures « ont occasionné des frustrations au niveau des populations » et contribué à une hausse du prix du transport passé sur certaines destinations de « 7.500 FCFA (11,5 euros) à 15.000 FCFA (environ 23 euros) », dit-il.
Les autorités sénégalaises ont depuis les troubles suspendu les liaisons maritimes entre Dakar et la Casamance et de la ligne de bus publique. Seuls la route nationale, ouverte seulement à certaines heures de la journée, et l’avion, inabordable pour beaucoup, permettent encore de rallier cette région enclavée du sud du pays déjà meurtrie par les événements de début juin.
De nombreux habitants de Casamance craignent de ne pouvoir aller chez eux pour la fête musulmance de l’Aïd, appelée Tabaski au Sénégal, pendant laquelle les Sénégalais se déplacent pour rejoindre leurs familles. Le collectif des cadres casamançais est impliqué dans les négociations de paix entre l’Etat sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui mène depuis 1982 une rébellion indépendantiste armée.