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En promettant plus de souveraineté économiques, le président a suscité de grands espoirs. Mais la réalité est plus complexe, avec des partenaires attachés à la stabilité et une opposition parlementaire. Il s’engage de fait, dans un numéro d’équilibriste.

Depuis son investiture le 2 avril dernier, indique Seneplus, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye se lance dans un exercice délicat : tenir les promesses de changement faites aux Sénégalais tout en ménageant les partenaires internationaux du pays. Élu sur un programme de réformes économiques audacieuses, il suscite à la fois l’espoir de voir le statu quo politique et économique voler en éclats, mais aussi la méfiance quant à sa capacité à concrétiser son ambition dans un contexte contraignant.

Comme le rapportait récemment l’analyse du magazine Afrique XXI, Diomaye Faye a fait de l’indépendance économique du Sénégal l’un de ses chevaux de bataille. Il envisage notamment de remplacer le franc CFA, symbole selon lui de la dépendance vis-à-vis de la France, par une monnaie nationale ou commune avec la CEDEAO. S’il est salué par des économistes comme Kako Nubukpo qui y voient « une très bonne nouvelle », d’autres à l’instar de Magaye Gaye mettent en garde contre les risques pour la stabilité financière. Ndongo Samba Sylla plaide lui pour des « monnaies nationales souveraines ».

Le nouveau président mise également sur le secteur agricole afin de réduire la dépendance alimentaire, objectif déjà recherché par ses prédécesseurs. Il s’engage à promouvoir une « Doctrine de souveraineté alimentaire » grâce à des investissements massifs. Pour Magaye Gaye, l’économie sénégalaise est malade et extravertie, souffrant de nombreuses tares depuis les indépendances.

Sur le plan énergétique, Diomaye Faye promet transparence et redistribution équitable des richesses issues de l’exploitation du pétrole et du gaz. Il a ordonné un audit des contrats dans ces secteurs afin de garantir le respect des intérêts nationaux. Le premier projet pétrolier offshore a démarré début juin.

Cependant, le nouveau président est confronté à de multiples obstacles pour tenir ses promesses. Sur le plan international, il doit composer avec les exigences du FMI qui recommande de rationnaliser les dépenses, et avec la Banque mondiale qui insiste sur la stabilité macroéconomique. Face aux partenaires commerciaux comme la France ou la Chine, il se doit d’être pragmatique. Sur le plan interne, sans majorité parlementaire, ses réformes risquent d’être entravées.

Pris en étau, Diomaye Faye entame un savant jeu d’équilibriste pour réconcilier aspirations populaires et contraintes structurelles. Ses premières décisions seront déterminantes pour maintenir la confiance, aussi bien des Sénégalais désireux de changement que des bailleurs soucieux de stabilité. Un exercice périlleux au regard des espoirs suscités et des obstacles sur sa route. L’avenir dira s’il parvient à tenir la promesse d’un « changement systémique ».

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