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Il y a quelques jours, ayant senti qu’un complot était ourdi contre ma personne, via l’apposition de ma photo sur une vidéo diffamatoire qui traitait de fou en rémission l’actuel Président du Sénégal, j’avais publiquement mis en garde les autorités politiques, securitaires et judiciaires du Sénégal. J’avais aussitôt observé que l’une d’elles, nichées dans une des stations les plus prestigieuses du pays avait réagi de manière positive sur un de mes textes, comme pour me dire: bien compris et noté. Peu après, elle revint, en m’écrivant ceci: Adama, que pouvons-nous faire pour vous?
Ma réponse en deux temps fut, d’une part, de lui dire merci pour sa diligence en lui proposant une audience afin de mettre sur la table les légitimes raisons de ma saisine; puis, d’autre part, de lui rappeler que, suivant ce que John Fitzerald Kennedy avait dit à ses compatriotes américains, que, loin d’attendre ce que l’Etat peut faire pour moi, je suis dans une logique, truelle en mains, de servir mon.pays.
Je raconte cet épisode parce qu’il éclaire d’un jour encore plus crû ce que je crois percevoir comme une tendance dangereuse parmi les autorités de notre pays.
Il serait utile de relever qu’il n’est pas un acte isolé. Puisqu’il a été précédé par une rencontre, voici deux mois, avec l’homonyme du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui se trouve être un ami de 46 ans avec qui j’ai partagé le campus universitaire de Dakar et des années de compagnonnage intellectuel à New-York. Je fus alors estomaqué de l’entendre, lui-aussi, me demander: qu’est-ce qu’on peut faire pour toi? À quoi, là-aussi, je répondis: « pose-toi la question de savoir ce que tu peux faire pour ton pays », citant ici encore Kennedy. *
Sans aller vite en besogne ni tirer des conclusions hâtives, l’évidence se consolide désormais dans ma tête que le Sénégal vit des heures dangereuses, entre amateurisme, chantage, menace, inaptitude, passive ou active corruption, recyclage des pires espèces de notre pays, impotance souveraine et individuelle ou encore complot sur fond de recours aux réseaux sociaux pour imposer une pensée unique au service d’un pouvoir, largement discrédité, inepte, dépassé par la tournure des événements, ses promesses alléchantes qui avaient attiré les foules, surtout les jeunes, étant trahies, étant incapable à les réaliser.
Le tout rendu encore plus factice par la découverte que le grand projet de transformation systémique du pays n’était qu’un miroir aux alouettes, un énorme, historique, mensonge, que le leader conceptuel du Parti Pastef, Ousmane Sonko, a lui-même reconnu.
L’heure est trop grave pour que les voix encore lucides et…authentiquement patriotiques se taisent.
En voyant Sonko s’échiner, ayant prouvé qu’il n’a pas les épaules pour assumer les charges de Premier ministre qui sont les siennes, réduit qu’il est à suivre les pas des populistes autocratiques de triste mémoire, d’Hitler à Mussolini, jusqu’aux Orban, Le Pen et autres Kim Il Sung, on ne peut qu’être inquiet de savoir le destin terminal de la barque Sénégal, coque-avant ouverte, qu’il mène, menton haut, vers sa fin fatale, fatidique…
Sa sortie récente, aux côtés de Melenchon, dans un amphithéâtre de notre principale université qu’il a transformée en cirque politique et, gravement, en tribune de promotion de l’homosexualité pour son invité, était déjà rébutante.
Elle n’était cependant que l’entrée en matière d’un bouleversement des rites de la République qui n’est pas sans rappeler cette christallnacht, la nuit des longs couteaux, quand, Hitler, bousculant tous les ordres, avait commencé, en 1933, à faire sauter ce qui restait de la République de Weimar pour pouvoir installer son nazisme avec les conséquences sanglantes que l’on sait.
En refusant, fallacieusement, de s’exprimer devant l’assemblée nationale pour y faire le discours impératif de politique générale, au nom d’un artifice commodément convoqué autour d’une omission dans son règlement intérieur, oubliant que la Loi fondamentale le couvre, le voici qui donne dans le populisme à fond.
C’est une tyrannie aux petits pieds qu’il déploie.
Qui n’est pas ahuri de l’entendre humilier ses propres ministres, notamment celui de la Justice, qu’il dit se référer à lui pour décider, ignorant la séparation des pouvoirs, ce qu’il doit faire d’un détenu parce qu’il se trouve être un militant Pastefien !
Quid de son ministre de l’Intérieur, un haut gradé de notre gendarmerie, ancien ambassadeur, qu’il contraint à s’emmêler publiquement, penaud, les pédales pour tenter de justifier pourquoi malgré une circulaire adressée aux autorités administratives et municipales le décidément truculent Premier ministre pouvait se permettre de sauver sa peau face à des foules furieuses qui le houspillaient à Colobane en s’essuyant ses godasses sur ses épaulettes civiles ternies d’un général sacrifié…
En s’appuyant dans ses menées de plus en plus contestées sur le nom du présent le plus absent, au sommet de l’Etat, qu’il a l’outrecuidance d’appeler Serigne Ngoundou, dans l’unique but de le mouiller mais surtout en hurlant, à qui veut l’entendre, qu’on ne lui imposera rien, comme s’il n’était rien d’autre qu’un simple serviteur des citoyen.ne.s, Sonko pense pouvoir n’en faire qu’à sa tête.
Comme si nous n’avions pas le droit d’interroger ses actes et certitudes dont tout le monde sait qu’ils nous mènent tout droit vers un abîme infernal.
Le plus grave, c’est que sentant son heure de gloire finie, le doute montant dans les rangs des foules qui le suivaient aveuglément, perdu dans sa rhétorique vaseuse, voyant ses décisions verticales de faire baisser le coût de la vie, ayant formé de son seul chef un gouvernement qui s’enlise dans la nullité et l’échec, confondant son rôle avec celui du Président de la République, il est parti pour réduire à néant une vieille démocratie et ses fondements.
C’est ce qui explique qu’il n’a pas encore agi dans le mega-scandale des 120km2 de terres minières illégalement attribuées à Mohamed Kawar par Macky Sall que j’ai débusqués ici-même. Ni bougé le petit doigt contre les pilleurs de la nation, comme s’il sentait que cela pouvait se retourner contre lui et le supérieur hiérarchique qu’il snobe ostensiblement.
Dans sa course, fuite devant les urgences nationales, il va même jusqu’à penser pouvoir défier le pays entier en couvrant et s’ accompagnant avec les assassins de notre économie.
Voilà qui explique sa nomination, hier, d’un Lansana Gagny Sakho au poste de Président du conseil d’administration de notre agence de promotion des investissements : en sachant à quel point le type est un grand criminel financier qui mérite plutôt la prison, il choisit ainsi de susciter la défiance des…investisseurs. Qui va investir ici ?
Rien en réalité ne saurait surprendre quiconque prend froidement le soin d’analyser l’ascension, par des méthodes non conventionnelles et bruyantes, populistes, de cet homme qui aurait été déclaré politiquement inéligible dans toute autre géographie digne de ce nom, encore moins de se retrouver aux leviers de commande d’une nation qu’il contribue incontestablement à enfoncer loin des rêves démocratiques et de redressement que des foules déterminées croyaient avoir lancés, le 24 mars dernier, au terme d’un scrutin qui s’était terminé par des hululements stridents.
Depuis lors, l’espoir déçu prend des proportions inimaginables.
Il est vrai qu’en grattant le vernis de ce qui était abusivement présenté comme une révolution démocratique, nationale et populaire, on découvre hélas qu’il y avait anguille sous roche. On nous avait mentis sur la marchandise. Qui était recouverte du plus gros deal, d’une trahison, dont, jour après jour, les parties prenantes se révèlent sous nos yeux. Avec comme principaux co-acteurs, le Boucher et assassin, voleur, Macky Sall, et le projeticien dont l’image se fane à mesure que la rêche réalité vient le mettre à nu.
Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’est lui que le faire-valoir qui fait pitié. Jamais a-t-on vu dans l’histoire de l’humanité un président aussi effacé, relégué au décor…
Parce l’heure est aussi grave, j’invite le peuple du Sénégal à en prendre l’exacte mesure. Il y va de son histoire, de son présent et de son avenir.
Pour ma part, je suis prêt à en assumer toutes les conséquences. Dusse-je le faire au prix du sacrifice suprême.. .
Adama Gaye, auteur d’otage d’un État et de Demain, la nouvelle Afrique (Éditions l’Harmattan, Paris).
*Je maintiens ma disponibilité à apporter dans plusieurs domaines des réponses aux urgences de développement national.
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