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En Inde, c’est une nouvelle campagne aux accents islamophobes des nationalistes hindous. L’État de l’Uttar Pradesh, le plus peuplé du pays dirigé par le BJP de Narendra Modi, veut forcer les restaurants à afficher le nom de leurs propriétaires. Le risque est de renforcer le boycott des établissements musulmans ainsi que la stigmatisation.

En Inde, c’est une loi qui se cache à peine d’être islamophobe. C’est à vrai dire exactement cela étymologiquement : cette loi est basée sur la peur des musulmans et la propage. Cela fait plusieurs années que les musulmans, environ 200 millions en Inde, sont salis par toutes sortes de rumeurs infondées liées à la nourriture.

Pendant le Covid-19, ils ont été accusés d’infecter leurs couteaux avec le virus. Un autre classique est qu’ils cracheraient sur la nourriture des hindous en cuisine ou leur feraient manger des vaches sacrées à leur insu. C’est dans ce contexte que tout a commencé dans l’Uttar Pradesh. Un ministre a affirmé que des musulmans vendaient de la viande aux pèlerins hindous et donnaient à leur établissement des noms hindous pour mieux les berner.

En Inde, si on peut, la plupart du temps, déterminer la religion supposée de quelqu’un à partir de son nom, la police de l’Uttar Pradesh et de l’État voisin de l’Uttarakhand ont, au nom de la transparence, ordonné début juillet à tous les établissements musulmans d’afficher clairement leur nom sur leur devanture sur la route de ce pèlerinage. Certains ont comparé cette décision au ciblage des juifs par les nazis durant l’entre-deux-guerres tant elle porte des risques de boycott économique et de violence sociale à l’égard de fidèles déjà durement stigmatisés dans l’Inde de Modi.

La Cour suprême ordonne temporairement sa suspension

Dans les rangs de l’opposition, c’est un tollé. Certains alliés de Narendra Modi au Parlement, comme le parti JDU, désavouent également cette loi. Plusieurs députés ont saisi la Cour suprême du pays, qui a jugé lundi dernier que cet ordre était illégal et discriminatoire. Cette dernière a temporairement ordonné sa suspension sans pour autant clore le débat. Est-ce que la Cour saura se faire entendre alors que plusieurs établissements avaient déjà changé de nom pour éviter d’être harcelés par la police ? Des reporteurs locaux font état de violences récentes contre les musulmans ou de mosquées « cachées » par des draps sur la route du pèlerinage. Et l’Uttar Pradesh insiste : il affirme qu’il ne s’agit que de transparence et de maintien de l’ordre.

La décision fait des émules à Ujjain, ville sainte hindoue située dans le Madhya Pradesh, qui force, elle aussi, désormais les vendeurs à afficher leur religion. Un extrémiste hindou, qui a lancé la polémique sur les restaurants, demande désormais que la fabrication des bâtons de pèlerins soit réservée aux hindous, parce que les artisans musulmans les contamineraient. Le mal semble, en partie, déjà fait.

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