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LINDEPENDANT.SN-Les conditions de détention du chef de l’État nigérien renversé, âgé de 63 ans, continuent d’inquiéter. En France au moment du coup d’État, sa fille Zazia Bazoum raconte le quotidien de ses proches qu’elle a presque tous les jours au téléphone. Elle fustige une forme de chantage exercé sur l’homme d’État pour le forcer à remettre sa lettre de démission.
« La situation de ma famille est très difficile actuellement. » Dans une interview accordée au Guardian, la fille de Mohamed Bazoum témoigne des conditions de détention dans lesquelles serait retenu le président nigérien renversé par un coup d’État le 26 juillet. Zazia Bazoum, qui était en France au moment de la prise de pouvoir par la junte et depuis est restée à Paris,  en contact téléphonique quasi quotidien avec ses proches. L’homme de 63 ans ainsi que sa femme et leur fils détenus avec lui auraient accès à très peu de nourriture et l’électricité leur aurait été coupée.

« La nourriture qu’ils ont dans le réfrigérateur, ils ne peuvent plus l’utiliser. Ils n’ont pas de viande ou de légumes frais », détaille-t-elle, racontant qu’ils ne se nourrissaient par conséquent que de pâtes ou de riz. « C’est donc dangereux pour leur santé. Ils n’ont même pas d’eau potable à boire, et le gaz pour cuisiner va bientôt manquer. Qu’est-ce qu’ils mangeront ensuite, parce qu’ils ne veulent laisser personne venir les voir ? », continue-t-elle, désignant par là la junte qui retient les trois membres de sa famille dans le palais présidentiel, à Niamey.

Selon la jeune femme de 34 ans, ses parents auraient perdu 5 kilos chacun tandis que son frère de 22 ans, Salem, en aurait perdu 10. « C’est très dangereux, [les putschistes] font cela pour faire pression sur eux, mais ce n’est pas juste de les voir dans cette situation », souligne-t-elle.

Comparant les conditions de détention de son père à de la « torture », la trentenaire, qui travaille avec sa mère pour la fondation de la Première dame, a assuré que la junte utilisait « tout cela contre eux, les coupures d’électricité et toute cette pression psychologique, parce qu’ils veulent voir mon père signer une lettre de démission ». Ce que n’a effectivement pas fait le président démocratiquement élu, contrairement à d’autres chefs de l’État africains démis de leurs fonctions lors de précédents coups. « La situation est mauvaise », résume-t-elle.

Des alertes qui se multiplient

Depuis plusieurs jours, les alertes se multiplient concernant les conditions de détention et la santé de Mohamed Bazoum et de sa famille. Dernière prise de parole en date, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est alarmé ce vendredi 11 août de conditions « inhumaines ». « J’ai reçu des informations dignes de confiance selon lesquelles ses conditions de détention s’apparenteraient à un traitement dégradant et inhumain, en violation des lois internationales », a-t-il ainsi déclaré.

« L’électricité aurait été coupée, de même que l’accès à l’eau potable et aux médicaments », a-t-il souligné. « Ceux qui sont responsables de la détention du président doivent s’assurer que ses droits et ceux des autres personnes retenues avec lui sont respectées », a-t-il conclu.

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