LINDEPENDANT.SN-Cheikh Ndiaye est revenu sur l’incident qui s’est déroulé à la maison familiale du Premier ministre aux HLM Nema de Ziguinchor. Et c’est pour apporter des précisions suite à l’article de nos confrères de L’Observateur et expliquer le geste d’Ahmeth Ndiaye, un ingénieur informatique, agent à Ecotra d’Abdoulaye Sylla. Il a été arrêté après s’être introduit au domicile d’Ousmane Sonko qu’il accuse d’avoir conduit son entreprise à la faillite. Pour Cheikh Ndiaye, son geste était guidé par le désespoir.
« Je me permets de vous (L’Observateur, ndlr) adresser cette lettre afin d’apporter des précisions sur votre une du lundi 3 février 2025 (nº 6397) intitulée “Scène surréaliste au HLM Nema : la famille de Sonko menacée de mort”. Plus particulièrement, je souhaite clarifier certains points concernant M. Ahmeth Ndiaye, dont le nom est cité dans votre article. Tout d’abord, il est important de noter que M. Ndiaye n’était pas en possession d’une arme de poing, comme mentionné entre guillemets dans votre article. Pour être encore plus précis, il ne détenait même pas de couteau. L’acte de M. Ndiaye n’était en aucun cas motivé par la violence, mais bien par le désespoir. Son cri devant la maison familiale de M. Ousmane Sonko était l’expression de son inquiétude face à l’effondrement imminent de son entreprise, une situation qui, je vais l’expliquer, s’inscrit dans un contexte plus large », a déclaré Cheikh Ndiaye.
Qui est Ahmeth Ndiaye ? A en croire M. Ndiaye, c’est un homme dont le parcours est marqué par la résilience et la détermination. « Très jeune, il a été témoin du meurtre brutal de son père, alors préfet, égorgé sous ses yeux dans son propre véhicule. Malgré ce drame, il a trouvé la force d’avancer grâce au soutien indéfectible de sa mère qui lui servait de pilier. Malheureusement, quelques années plus tard, accablée par la douleur de la perte de son mari, sa mère est décédée à son tour, laissant Ahmeth orphelin. Pourtant, loin de se laisser abattre, il a poursuivi son chemin avec dignité, décrochant brillamment son diplôme à l’École Polytechnique de Thiès, où il fut major de sa promotion. C’est à cette période qu’il a enfin entrevu une lumière au bout du tunnel en intégrant l’entreprise Ecotra. Grâce à son travail acharné et son engagement sans faille, il a gravi les échelons, passant de simple stagiaire à chef de service, puis chef de département, jusqu’à devenir directeur du building, gérant un portefeuille de marchés de plus de 20 milliards de francs Cfa », a expliqué Cheikh Ndiaye.
Dans le cadre du programme de transfert de compétences initié par Abdoulaye Sylla, Ecotra a bénéficié, selon toujours Cheikh Ndiaye, du savoir-faire d’ingénieurs vétérans allemands, auprès desquels Ahmeth a perfectionné ses compétences. « Il s’est imprégné de la rigueur et de la discipline qui caractérisent leur travail, allant même jusqu’à travailler les dimanches. C’est d’ailleurs ce dévouement qui explique qu’il roulait avec un véhicule 4×4 appartenant à l’entreprise, tout comme tous les directeurs de la société », soutient-il. Selon lui, le geste de Ahmeth Ndiaye est un cri d’alarme pour la survie d’une entreprise et de ses employés « Le véritable motif de la présence de M. Ndiaye devant la maison de M. Sonko n’avait rien à voir avec une quelconque menace de mort. Il s’agissait d’un appel au secours, un cri d’alarme face à une situation critique : les 1500 employés d’Ecotra n’ont pas perçu leur salaire depuis six mois, une crise directement liée au non-paiement de la dette publique par l’État du Sénégal », a expliqué Cheikh Ndiaye.
A l’en croire, ce contexte de précarité extrême, qui impacte non seulement M. Ndiaye mais aussi des milliers de familles, explique son geste de désespoir. « Il n’a jamais eu l’intention de semer la violence, mais simplement d’attirer l’attention sur une situation qui menace la survie d’une entreprise et de ses employés. En espérant que ces précisions permettront de mieux comprendre les faits et d’éviter toute mauvaise interprétation, je vous remercie pour votre attention et reste à votre disposition pour toute information », a-t-il conclu.
Ndèye Fatou Gning