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LINDEPENDANT.SN-26 mars 2018-26 mars 2023. Voilà cinq ans que disparaissait l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop. Ancien député, ancien ministre, avocat général, « Diop le maire » a consacré plus de 60 ans de sa vie à l’Etat. Ses amis et collègues se souviennent encore de l’homme exceptionnel qu’il fût.
Né le 9 mai 1936 et décédé le 26 mars 2018 à Dakar, à l’âge de 82 ans, Mamadou Diop a dirigé la mairie de Dakar pendant 17 ans (1984-2002). Ancien membre du Parti socialiste, il a été plusieurs fois ministre sous le régime socialiste. Engagé dans l’Armée française en 1956, il avait été affecté au Niger, puis en Algérie avant d’être promu lieutenant en 1960. Revenu plus tard au Sénégal, il intègre la gendarmerie. Dans ce corps, « Diop le maire » va commander la compagnie de gendarmerie du Sine-Saloum et du Sénégal oriental ainsi que l’Ecole de formation et d’application de la gendarmerie nationale avant d’être versé dans la réserve lorsqu’il obtient le grade de commandant.
Sur ce point, Ibra Guèye Niang, qui est un parent par alliance et gendarme à la retraite, se rappelle sa carrière militaire. « Quand on était jeunes, alors qu’il était jeune officier de la gendarmerie, lorsqu’il venait rendre visite à sa mère à Yoff Ndeugagne, il faisait l’objet de spectacle, tout le monde sortait pour le voir, car il ne passait pas inaperçu », se souvient M. Niang, A l’en croire, « Mamadou Diop était pétri de qualité, avec une grandeur exceptionnelle et une sobriété rare ». Le septuagénaire de se rappeler : « Lorsqu’il était ministre de la Santé alors que j’étais gendarme à la brigade de Thiong, c’est moi-même qui étais chargé de lui notifier son accession au grade de lieutenant-colonel. Il a souri et m’a dit : ‘’Ces gens-là, ils ont tout fait pour que je retourne à la gendarmerie’’ ».
Diplômé en droit, Mamadou Diop atteint le grade de colonel avant d’abandonner la tenue et d’intégrer la magistrature. Il devient avocat général à la Cour suprême en 1971. A côté de cette carrière professionnelle, il y a celle politique qui a démarré avec le Président Senghor comme secrétaire général de la Présidence. Gravissant les échelons, il sera nommé tour à tour aux départements des Travaux publics, du transport et de l’urbanisme, fonction qu’il exerce jusqu’au départ du Président Léopold Sédar Senghor de la présidence de la République. Dans le gouvernement du Président Abdou Diouf dirigé par Habib Thiam, il est nommé en janvier 1981 ministre de la Santé publique. Trois ans plus tard, Mamadou Diop sera élu maire de Dakar, poste qu’il va occuper de 1984 à 2002. C’est d’ailleurs avec ce poste qu’il deviendra célèbre avec son sobriquet « Diop le maire ».
« Même avec ses adversaires politiques, il n’y avait pas d’animosité »
Sur ce point, son ami et camarade de parti avec qui il a cheminé dans la politique depuis 1973, témoigne. « Nous avons travaillé ensemble pendant 17 ans à la ville de Dakar et j’étais son premier adjoint. Mamadou Diop était un homme multidimensionnel car il a servi un peu partout au Sénégal. Il symbolisait l’Etat. Il avait des relations extraordinaires avec tout le monde. Même avec ses adversaires politiques, il n’y avait pas d’animosité », a dit El Hadji Mansour Tambédou. Qui ajoute : « A un moment donné, personnellement, j’étais très bouillant et c’est lui qui a changé mon tempérament. Il m’a appris la tolérance, le vivre-ensemble. Il a été pour moi un bon éducateur ». Selon lui, au plan professionnel, Mamadou Diop était « très rigoureux » et « très strict » dans le travail. « Il tenait à l’assiduité, à la correction et au respect de la hiérarchie. Il m’a appris à séparer les choses notamment, entre la politique, l’administration et la famille. Au temps où il était maire, jamais un courrier ne passait la nuit dans son bureau. Il avait un œil sur tout et rentrait tardivement chez lui », a-t-il dit. M. Tambédou qui loue les valeurs qu’incarnait Mamadou Diop, regrette que « ce sont ces valeurs qui nous manquent actuellement. On est vraiment orphelins de ces valeurs et c’est dommage pour le Sénégal », a-t-il conclu.
